Une gestion de l’eau originale

L’île du Levant n’est pas desservie en eau potable depuis le continent comme les autres îles de l’Archipel, Port Cros et Porquerolles. Ce qui reste exceptionnel dans le paysage français. Les prétextes avancés par une municipalité, qui ignore depuis des décennies ce petit territoire, paraissent peu pertinents mais perdurent encore aujourd’hui, contraignant les levantins à se montrer exemplaires dans la gestion d’une ressource aussi rare que précieuse :

  • éloignement géographique (pourtant Port-Cros n’est qu’à 1 km du Levant),
  • présence d’un Domaine privé sur la partie civile (bien que ce Domaine soit ouvert à un public nombreux en été),
  • autonomie assumée de la Base d’Essais de Missile de Méditerranée sur la partie militaire (qui dispose d’eau potable grâce à ses moyens logistiques et financiers).

Un château d’eau, construit par la municipalité dans les années soixante, alimenté par deux forages et d’une capacité de 1 000 m3, permet d’alimenter les propriétés, grâce à un réseau semi-aérien gravitaire. Géré par le Syndicat d’administration d’Héliopolis, ce réseau fournit une eau brute, chargée en fer et légèrement saumâtre. Chaque propriété a donc dû se doter d’une ou plusieurs citernes ou réserves d’eau, afin de disposer d’une autonomie suffisante. La distribution d’eau en période estivale, lorsque le Domaine accueille près de 1500 personnes, est rigoureusement organisée par le Syndicat d’administration ; le réseau est fermé au niveau de chaque vanne grâce à un système de boîtes inox cadenassées ; un planning jour/nuit a été mis en place, permettant de répartir les 56 m3/jour délivrés par le château d’eau, entre les propriétaires pendant la journée, dans l’ordre de leur inscription, et les établissements recevant du public pendant la nuit, selon un calendrier hebdomadaire.

La limitation de la ressource en eau oblige chacun des acteurs à imaginer des solutions originales et à renouer avec une sobriété trop oubliée sur le reste du territoire où l’eau potable est toujours abondante et facile d’accès. De nombreux propriétaires récupèrent systématiquement les eaux de pluie de leur toiture dans des citernes enterrées et sont autonomes, sous réserve d’une pluviométrie annuelle suffisante. Le problème de la potabilisation de l’eau brute du château d’eau ou des eaux de pluie est aujourd’hui partiellement résolu pour les particuliers grâce aux systèmes compacts de filtres et d’UV proposés par de nombreuses marques. Mais pour les établissements recevant du public, les normes sanitaires ne permettent pas de proposer de l’eau potabilisée par des systèmes privés. La conséquence de cet état de fait est une consommation extrêmement élevée de bouteilles d’eau minérale importées du continent : en moyenne 135 000 bouteilles en plastique par an. La lutte contre la consommation de plastique, engagée par le Syndicat d’Héliopolis en partenariat avec l’ONG SMILO, et les prochaines lois d’économie circulaire, vont nous inciter à trouver des solutions alternatives satisfaisantes. L’une d’entre elles pourrait être une nouvelle technologie de captage des molécules d’H2O dans l’air ambiant ; la société DRINKAIR propose des machines “à eau atmosphérique”, qui permettent de récupérer une eau pure, bio et locale, grâce à l’hygrométrie particulièrement élevée dans l’île. Une vingtaine de propriétaires viennent d’investir dans cette voie pionnière, qui s’avère prometteuse.

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